La naissance d'une école...

C'est en 1938, lorsque fut construit le premier dojo privé de karaté qu'apparu le terme shotokan (demeure de shoto), nom donné à ce lieu d'entraînement en hommage à celui qui avait introduit cette discipline au Japon dans les années 20. Gichin Funakoshi (photo ci-contre) était très fier de ce dojo mais il s'est toujours défendu d'avoir créer un style qui porterait ce nom, car pour lui tout le karaté ne faisait qu'un et devait rester uni. Néanmoins, l'histoire a voulu retenir ce terme comme désignant une famille de karatékas qui se sont entraînés dans cette tradition, et Maître Harada fut l'un de ceux-ci. Il a eu ainsi l'occasion de travailler dans ce dojo avant la guerre lorsque Yoshitaka Senseï en était l'instructeur principal tandis que d'autres dont les noms sont restés célèbres y assuraient aussi les cours. Motonobu Hironishi, Wado Uemura et Yoshiaki Hayashi firent tous partie de cette époque légendaire.

 

Après la destruction du Shotokan (dojo) pendant la guerre 40-45, Maître Harada eut l'opportunité de continuer en tant qu'élève privé de Gichin Funakoshi avant de rejoindre le groupe de l'Université de Waseda où il fut d'abord l'élève et ensuite, le partenaire d'autres karatékas tels que Hiroshi Noguchi, Toshio Kamate et puis Tadao Okuyama. Mais c'est avec Shigeru Egami, un karatéka d'exception et ancien partenaire de Yoshitaka Funakoshi, qu'il a connu au début des années 50 une période d'entraînements qui l'influencera pour toujours. 

 

C'est en 1955 qu'il reçut directement de Gichin Funakoshi sa cinquième Dan ainsi que les encouragements du Maître à propager le karaté en Occident - le Brésil à l'époque. C'est ailleurs par respect, pour la mémoire de son ancien professeur, qu'il n'a jamais accepté d'autres grades depuis.


Le karaté-do Shotokai

En 1958, c'est à l'occasion de la mort de Funakoshi que fut créée, avec certains des plus anciens élèves de O'Senseï (le vieux maître), l'association qui s'est donné pour but la propagation d'un karaté qui respecterait l'éthique du fondateur ainsi que l'approche d'entraînements de ses plus proches disciples. Ce groupe prit le nom de Karaté-do Shotokai et est devenu officiellement une association de karaté avec Yoshitaka Funakoshi (fils de O'Senseï) en assurant la présidence.

 

Shigeru Egami (photo ci-contre) y était très attaché car il en fut un des fondateurs. En vérité, à aucun moment dans son évolution technique ou personnelle, il n'a envisagé de fonder un autre groupe qui porterait son nom. Il n'a jamais souhaité d'Egami-Ryu ou Kai, car le fait de s'approprier ainsi une école aurait été pour lui une trahison de la mémoire de O'Senseï et sa fidélité à cet héritage est restée sans faille jusqu'à sa mort.

 


Mitsusuke Harada

Mitsusuke Harada reçut des mains de Maître Egami un document attestant qu'il serait le représentant officiel et directeur technique pour l'Occident du Karaté-do Shotokai. C'est dans cette optique de fidélité à la tradition, ce qui ne veut pas dire refus d'évolution mais bien au contraire, dans une remise en question permanente du travail effectué comme l'a toujours voulu O'Senseï que Maître Mitsusuke Harada a continué la recherche et les développements commencés au Shotokan il y a plus de 50 ans avec Egami. C'est ainsi qu'il refuse les dogmes et autres rigidités de corps et d'esprit qui ont envahi cette discipline aujourd'hui. Loin d'une compétition qui dénature l'activité, il cherche à revenir vers l'essentiel. 

 

 

Ses élèves comme les instructeurs de l'organisation du Karaté-do Shotokai se retrouvent régulièrement depuis plus de 40 ans sous sa direction pour des stages de ré-évaluation et de confrontation d'idées sans lesquelles aucune progression n'est envisageable.

 

 

Yoshitaka, Egami, Harada n'ont eu de cesse de trouver une autre voie par la remise en question permanente de leur approche; et même si ce choix n'est pas facile car il ne repose pas sur des certitudes mais sur des hypothèses de travail, il demeure un défi passionnant. Nous entendons bien poursuivre dans cette voie quoi qu'il arrive.